Une ambiance mystérieuse et un immobilisme jusqu'à la mesure 20 me font d'abord penser à Distribution de fleurs d'Heitor Villa-Lobos. Chaque guitare a un ou deux motifs répétés et ne s'en échappe pas, ce qui donne une direction lointaine à la musique ainsi qu'une structure plate sur laquelle il sera facile d'échaffauder. Et c'est ce qui se passe, de nouveaux modules s'emboîtant en arpèges plus mélodie, effets de flottements en percussions, rythme de danse qu'une guitare repasse à une autre, effets de taping et de pizz, harmoniques, dedillo, le tout souvent tuilé. Succession de timbres et d'intensité, du fouillis au dépouillement, cette musique est prévisible et néanmoins surprenante. Pour la fin, la pièce se libère des tuilages pour ne retrouver que les thèmes initiaux qui retournent peu à peu au silence. Le brouwérisme de l'ensemble est évident. Que voilà une excellente pièce d'aujourd'hui peu difficile à jouer au niveau moyen mais délicate à habiter sur la durée!
(Dominique Marie, Les cahiers de la guitare, 4e trimestre 2oo2)